L'Arpet vous conseille ! Retour sur les lectures de l'été 2018

Raccourcis Pictos (YaKaLire)

 

L’Arpet (Association des Retraités, Préretraités et Eloignés du Travail) se réunit toutes les 6 semaines autour de ses lectures.

Ses membres vous conseillent leurs lectures de l'été.

Une veuve de papier - John Irving

Bientôt disponible à la médiathèque

L'histoire débute à l'été 1958 où nous faisons la connaissance de Ruth âgée de quatre ans,de son père, Ted, écrivain reconnu, de sa mère Marion, déprimée depuis la mort de ses deux fils ainsi que de Eddie, le jeune amant de Marion et l'assistant écrivain de Ted. C'est l'été où Marion abandonnera ses proches .Nous retrouvons par la suite Ruth en 1990 qui est devenue une romancière célèbre.

Le style d'écriture de John Irving est apprécié, il a un talent incroyable de conteur. Il adore donner des indices sur ce qui se passera plus tard pour piquer notre curiosité sans en dévoiler trop. Les personnages font la force du roman, ils sont décrits avec tellement de précisions qu’ils nous semblent réels.

Ce roman est également une variation autour de la quête : celle d'un adolescent après son premier amour, celle d'une mère après ses enfants, celle d'une romancière après son œuvre, celle d'un policier après la vérité.

Le seul bémol c'est que la fin du roman semble un peu trop artificielle et heureuse.

 

 

Le suspendu de Conakry - Jean-Christophe Ruffin

Ce livre m'a apporté quelques heures de plaisir sans prétention, avec une escapade africaine dépaysante et un ton burlesque bien plaisant.

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Nous voici donc entraînés dans les arcanes diplomatiques par un fonctionnaire haut en couleurs et en garde-robe inadaptée au climat caniculaire de Conakry. Aurel Timescu, natif de Roumanie, est consul de France à Conakry, habitué au climat européen et aux conseils de sa mère, il est toujours vêtu d'un costume-cravate et d'un lourd imperméable, suant, dégoulinant. L'hurluberlu est savoureux, avec son physique ridicule, ses obsessions, ses marottes, son intelligence décalée, et sa clairvoyance. Il est impossible de ne pas penser à l'inspecteur Colombo !

Néanmoins, quand un français est retrouvé assassiné à la marina, pendu au mat de son voilier, notre héros s'attaque à l'enquête. Ce petit diplomate a raté une carrière dans la police, il se venge en la prenant dans le dos de sa hiérarchie, qui l'avait mis au placard. Tout en forçant sur le Tokay (vin hongrois), il passe son temps à composer des opéras, il travaille sans ordi, sans téléphone, sans dossiers. Sa pugnacité viendra à bout du meurtrier.

Ruffin nous plonge dans la chaleur terrible de l'Afrique, la misère, la corruption, le trafic de drogues et de prostituées, tout ceci par le biais d'un loser alcoolique.

Un vrai bonheur de lecture et de détente !

Le cimetière des oubliés, v. 04 : le labyrinthe des esprits - Carlos Ruiz Zaffón

Ce roman est une véritable mine d'enseignements. On y découvre d'abord, et tout au long de l'histoire, une ville, Barcelone, ville maudite, ville mystérieuse.

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Le roman débute en 1938, Barcelone est alors sous le feu incessant des bombardements de l'armée de Mussolini. On visite une ville blessée qui se meurt d'une guerre qui devient fratricide. On n'y découvre en même temps un personnage central, Alicia. Petite fille au début du roman, blessée atrocement lors des bombardements, elle va devenir une femme torturée par son passé, en perpétuelle souffrance des séquelles de ses blessures, mais une femme forte au service du « corps », sorte de police parallèle apposée au régime franquiste. L'enquête sur la disparition d'un ministre va lui être confiée et avec l'aide de Vargas, flic désavoué qu'on lui impose, Alicia plonge dans l'histoire de Barcelone, celle où les opposants politiques, les artistes, les auteurs de génie étaient enfermés dans des cachots. Alicia nous montre et nous explique toute l'horreur de ces années maudites, de la guerre mondiale à la dictature de Franco.

En dehors de cette enquête, apparaît un superbe hommage aux écrivains espagnols, aux bibliothèques et aux libraires.

La femme brouillon - Amandine Dhée

Au début du livre, l’auteure sait depuis peu qu’elle est enceinte ; c’est son premier enfant. Elle évoque les différents moments de sa grossesse et ses débuts de jeune maman, qui sont pour elle source de découvertes, d’étonnements, d’angoisse…

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Elle décrit cette expérience de vie dans des chapitres courts (2 à 4 pages), parfois avec des phrases incisives, tranchantes, osant dire «la violence d’être habitée par un autre ; suis-je la seule à penser à Alien ? ».

Elle dit la joie et l’anxiété quand on apprend que l’on est enceinte, le changement que cela implique dans sa vie sociale, les gens qui s’inquiètent de sa santé, de son bien-être, qui lui donnent moult conseils, et même caressent son ventre, comme si elle ne s’appartenait plus tout-à fait, qu’elle était devenue « publique ».

Elle ne se reconnaît plus, elle, la féministe engagée. Comment arrive-t-elle à ne plus parler que de bébé, à rentrer dans les normes, elle qui ne se sent pas capable d’être une mère parfaite comme le modèle qu’on décrit partout. Elle pose le problème de la difficulté d’être mère et femme à la fois.

Amandine Dhée parle des hauts et des bas de la maternité de manière tendre et humoristique, son écriture est légère et simple.

Le sourire étrusque - Jose Luis Sampedro

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Un vieux paysan calabrais, Salvatore Roncone, quitte à contre cœur son village natal du Sud, pour aller se faire soigner d’un cancer, à Milan où vit son fils unique. Le vieux déteste le Nord, déteste la ville et le mode de vie qu’elle impose, il n’apprécie guère sa belle-fille qui vient d’un milieu aisé. Tout le sépare de son fils. D’ailleurs, il rencontre son petit-fils pour la 1ère fois, alors que le petit Bruno a déjà 13 mois.

Les parents travaillent, il est donc beaucoup au contact de son petit-fils et comme il ne valide pas du tout le mode d’éducation des parents, il va essayer d’élever le petit selon ses propres valeurs. Lui qui a combattu le fascisme, qui a laissé les femmes l’aimer mais ne s’est jamais laissé aller à la tendresse, il veut que ce petit soit comme lui, un homme, un vrai ! Il va s’attacher très vite à ce petit à qui il s’identifie. Pour cet enfant, et parce qu’il se lie d’amitié en cachette avec une femme, il est prêt à rester dans cette ville.   

Peu à peu, sa carapace de vieux bourru va tomber, le regard qu’il porte sur le monde va se transformer. Prendre soin de l’enfant, se laisser aller à la douceur, aimer et le dire est-ce que c’est vraiment de la faiblesse ? N’est-il pas temps qu’il profite de ces bonheurs ?

La falaise des fous - Patrick Grainville

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Très belle fresque historique, saga familiale et amoureuse, de 1868 à 1927, de l'invention de l'impressionnisme à la traversée de l'Atlantique par Lindbergh.

De la débâcle de la guerre de 1870 à la découverte de New York, de l'affaire Dreyfus au gouffre de la Grande Guerre, c'est tout un monde qui surgit, passe et cède la place à un autre. Dans la permanence des falaises lumineuses d’Etretat et la folie de Monet affrontant l'infini des Nymphéas. Le tout sous la plume d'un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup ressenti, aimé et perdu.

La serpe - Philippe Jaenada

Pendant une nuit de l'automne 1941, dans le vieux château d’Escoire, au fin fond du Périgord, le père, la tante et la bonne du jeune Henri Girard sont sauvagement assassinés à coups de serpe. Seul survivant de ce massacre en chambre close, Girard est également le seul héritier des victimes. Frivole, dépensier, violent et arrogant, le jeune homme apparaît comme le suspect numéro 1 d'autant plus évident qu'il avait emprunté l'arme du crime à des voisins deux jours avant le drame. Coup de théâtre, en dépit de preuves accablantes, il est acquitté au terme d'un procès qui laisse pourtant l’opinion publique toujours convaincue de sa culpabilité. Après l'abandon des charges qui pèsent contre lui, Girard disparaît au Venezuela.

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En 1950, il rentre en France avec le manuscrit d'un roman, intitulé Le Salaire de la peur,  qu'il fait publier sous le pseudonyme de Georges Arnaud. C'est le début de sa célébrité d'écrivain à succès et d'une existence où continue de planer le mystère d'un triple assassinat.

Soixante-quinze ans après les faits, Philippe Jaenada retourne sur les traces de l’écrivain parce qu’un de ses meilleurs amis, Emmanuel Girard, n’est autre que le petit-fils de l’accusé.

Il se livre à un véritable travail d’enquêteur, et réalise un travail de fourmi, lisant et relisant les minutes du procès, les compte-rendus de la police, des légistes, les témoignages des voisins, amis et connaissances de Henri Girard. Il étudie la nombreuse correspondance familiale et remet les faits dans le contexte de l’Occupation. Il se rend à Périgueux, cherche, interroge, va voir le château, tente de retrouver les tombes des victimes, bref il s’imprègne de l’histoire.

On découvre alors, que beaucoup de pistes n’ont pas été poursuivies, que de nombreux témoins de l’affection qu’Henri portait à ses proches n’ont jamais été convoqués au procès, que la scène de crime elle-même, n’a pas été étudiée de près comme elle aurait dû l’être…et même que certains faits relevés par les brigadiers, arrivés les premiers sur les lieux le jour du crime, ont carrément été contestés par les plus hauts gradés.

Ce livre est véritablement passionnant de bout en bout car l’auteur sait nous emmener avec lui dans cette enquête magistrale et rigoureuse, digne des meilleurs romans policiers. A la manière de Henry Fonda dans 12 hommes en colère,  il nous amène peu à peu à regarder les faits sous un autre angle. Fascinant !

 

 

Retrouvez les conseils de lecture de l'Arpet pour Metin Arditi, les romancières du Maghreb, Laurent Mauvignier, Alice Munro, la littérature polonaise, Gérard Mordillat et Delphine de Vigan.

 

 

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