Le Lincoln du titre est bien le seizième président des Etats-Unis. Quant au bardo, il représente dans la religion bouddhiste un sas entre la vie et la mort, où les morts stagnent en espérant régler leurs ultimes comptes avec leur vie d’avant.

En février 1862, le jeune fils d’Abraham Lincoln est enterré au cimetière d’Oak Hill, près de la Maison Blanche. Accablé de chagrin, le président retourne au cimetière dans la nuit pour tenir dans ses bras une dernière fois le corps sans vie de son fils bien-aimé. Mais le président ignore qu’il n’est pas seul au cimetière, les spectres sont abasourdis par cet acte qu’aucun autre vivant n’a jamais accompli. Il ne se doute pas en revanche qu’il empêche ainsi son fils d’accéder au Paradis. Trois spectres vont alors tout mettre en œuvre pour que l’enfant ne reste pas bloqué au bardo.

Commence alors une épopée polyphonique où se mêlent les dialogues et soliloques des différents habitants du cimetière, et des citations, réelles ou inventées, évoquant la vie de Lincoln pendant la période trouble de la guerre de Sécession.

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La forme de ce 1er roman, lauréat du Man Booker Prize 2017, est singulière car constitué de plusieurs bribes de phrases et des changements de voix, mais c’est ce qui lui confère du rythme et l’énergie qui mène le lecteur jusqu’à la fin. L’auteur a d’ailleurs une écriture bien à lui, ce qui n’a pas dû faciliter la tâche au traducteur Pierre Demarty. Par exemple, le cercueil devient chez George Saunders « sick-box », traduit ici par « caisson de souffrances ».

George Saunders nous dévoile un univers fourmillant, nous questionnant sur la vie après la mort, sur la religion et sur les frontières, entre les vivants et les morts et celles que les humains créent entre eux.

Une lecture époustouflante qui nous accompagne pour longtemps, comme les contes de notre enfance.

Bonne lecture !

Fiona